Primaire

Des traces indélébiles dans le coeur d'un enfant

Lundi 16 novembre 2009 midi. Dans une brasserie d'Armentières, une table avait été réservée par Jean-Marie Clayes et sa femme qui attendaient « Mlle Vérhée », l'institutrice de ses 10 ans (année scolaire 1947-1948) et cinq des treize élèves de la classe de 8e de Saint-Jude. Ils ne s'étaient pas revus depuis 62 ans ! 

Une fois installés, chacun s'est remémoré les cours, les professeurs, les conditions de vie à l'époque... Ils ont parlé à bâtons rompus de la mort, la mixité scolaire, l'emploi. Et chacun a (re)pris conscience de l'importance de la transmission du savoir, ces « maîtres » et ces « maîtresses » laissant une trace impérissable dans le coeur des enfants et dans leur devenir

Une rencontre «surréaliste» pour 5 élèves et leur institutrice, 62 ans plus tard

En août 2008, Jean-Marie Claeys avait lancé un « avis de recherche » par le biais de notre journal pour retrouver l'institutrice qui l'avait tant marqué quand il avait 10 ans.

Quinze jours plus tard il contactait au téléphone « Mlle Vérhée » (devenue entre temps Mme Bartier) en Ardèche. « Il était tout ému, il a même pleuré au bout du fil », raconte celle qui a fait des centaines de kilomètres pour le rencontrer. "À 79 ans, Jacqueline Bartier-Vérhée a gardé la fraîcheur de ses 17 ans. L'oeil a pétillé d'émotion devant ses « grands enfants » qui l'attendaient au restaurant. Petits plats, bouquet de fleurs... rien n'était trop beau pour celle qui leur a laissé « de très bons souvenirs », certains avouant même avoir ressenti « leurs premiers émois cette année-là ». Mais c'est pour Jean-Marie Claeys, l'initiateur de la rencontre, qu'elle a certainement le plus compté. « C'est l'année où il a perdu sa maman, sa grand-mère. Il a porté son affection sur moi et j'ai dû répondre à son besoin de tendresse », sourit-elle.

Gaëtan Deblacquer, Jean-Marie Claeys et Jacqueline Bartier née Vérhée.


Toute souriante, pimpante, elle les a embrassés et le tutoiement s'est vite installé autour de la table. Elle avait reconnu au premier coup d'oeil Gérard Sion (« tu étais le plus sérieux ») à la gouaille, Patrice Honnart (« tu étais le plus dissipé ») aussi, le côté réservé de Jean-Marie Loridan elle avait connu Gaëtan Deblacquer « timide, tu as la voix qui porte aujourd'hui. » Et les cinq septuagénaires de se rappeler cette institutrice, de juste sept ans leur aînée, et elle, de se remémorer sa première journée de classe, « émue par ces garçons bien rangés dans la cour ». Jean-Marie Loridan a raconté comment il lui avait prêté sa trousse pour qu'elle passe son baccalauréat (« vous n'aviez qu'un plumier »). Lui était pensionnaire ses parents étaient cultivateurs à Richebourg. « Il avait fallu amener le lit, le matelas, même la bassine pour se laver ! Je rentrais toutes les trois semaines, maman venait à vélo le dimanche, on se voyait au parloir. » Il a décrit la tenue bleue que les élèves portaient le dimanche : costume, gants et mouchoir blancs, bouton de manchettes, écusson SJ (Saint-Jude). « Et on crevait de faim. » Jacqueline Bartier a rappelé à Gérard : « J'ai eu trois Sion au cours de ma carrière. Tu étais à l'avance. Un jour que j'avais une extinction de voix c'est toi qui as interrogé tes petits copains. » Les noms et surnoms des professeurs et des abbés ont ressurgi : « Pépin » (« il postillonnait ! »), « Pet'sec » (« qui avait un caractère de cochon »), « Pisse vinaigre », « Peau de vache », « l'abbé qu'il ne fallait pas approcher seul »... Aussi le « gentil », le « bon prêtre », l'« ambitieux », la « bonne pâte »... Les images ont défilé de l'un à l'autre mémoire partagée.

Puis ils ont parlé à bâtons rompus de la mixité scolaire (« Je ne sais plus si c'est une bonne idée »), de la retraite (« On garde nos petits-enfants »), de l'emploi (« Les jeunes sont bardés de diplômes et arrivent sur le marché du travail au mauvais moment »), de la mort (« Il faut la préparer »)... Jacqueline Bartier a demandé des nouvelles des personnes qu'elle a perdues de vue depuis qu'elle a quitté Armentières en 1955 (elle a épousé Pierre, horloger, en 1953 et a tenu des bijouteries jusqu'en 1990), expliquant être encore « amie avec Thérèse, que j'ai connue à l'école Sainte-Thérèse quand j'avais 9 ans »."

Fête de la Musique : La Bande à Louis, un carton pour ce futur élève de 6ème

D'habitude, ils ouvrent leur jardin pour la fête de la Musique. Un jardin qui devient trop petit au fil des années. La Bande à Louis a enthousiasmé le public à la Maison des jeunes et de la culture tout en créant la surprise. "Dans la Bande à Louis, demandez le père : il est à la guitare électrique, c'est Jean-Bernard et en plus il chante. Il joue également de la guitare sèche. Marie-Blanche plus connue sous le prénom de Marie, c'est la maman, à la basse, et entre les deux, derrière sa batterie, tout juste visible, c'est Louis leur fils.

La Bande à Louis, c'est la famille Soen, de La Chapelle-d'Armentières.


La Bande à Louis, un groupe familial, créé seulement en 2007, fait déjà parler de lui. Repas solidaires, fêtes de la musique, concerts pour des associations, chaque fois, ils font un carton. Les Beatles, Santana, U2, Tracy Chapman sont à leur répertoire. Marie a obtenu une médaille d'or, lors d'un concours de guitare classique. Elle joue aussi du saxo ténor. Une trentaine d'instruments de musique chez les Soen. Du piano, au violon en passant par le banjo, les percussions.

Du rock, encore du rock, et dans la MJC, le public se serait plu à danser... Louis, à 11 ans, est déjà un musicien de talent. À la rentrée il intégrera une sixième au collège Saint-Jude d'Armentières."

3 semaines en classe de neige à La Toussuire 1800 (1989)

Arrivés en gare de Lille, chacun cherche le lieu de rassemblement. Peu de temps après, nous nous installons dans le train. Les parents restent sur le quai et nous souhaitent un bon voyage.

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Plus tard, le train s'éloigne en direction de la campagne. Après, plusieurs gares traversées, il s'arrête. Des grévistes bloquent la voie. Le conducteur du train attend et s'impatiente. Deux heures plus tard, les grévistes débloquent la voie.

Le train repart. Nous déballons nos jeux et nous nous amusons.

Après Paris, le train prend sa vitesse normale.

Arrivés à la gare de Lyon Part-Dieu nous avons plus de deux heures de retard. Il nous faut patienter jusqu'au prochain train. Dans le corail qui nous emmène à Saint-Jean-deMaurienne, nous apercevons enfin la montagne. Plus tard, la neige nous entoure, c'est un beaù paysage. Une heure après, le corail s'arrête, c'est Saint-Jean-de-Maurienne. Là-bas, un autocar nous attend.

Malheureusement nous n'avons pas vu le paysage. Il faisait nuit. Nous espérons voir la montagne au retour.

  • Ma première leçon de ski

Cet après-midi, a lieu ma première leçon de ski. Après un bon repas, je me prépare.

Une fois que tout est bien en place, je pratique un premier essai, je n'ai plus l'habitude de skier. Enfin, on se range par groupes et c'est parti ! Au début, notre moniteur de ski nous emmène en promenade en nous donnant des explications sur ce qui se trouve autour de nous.

""Derrière vous, se trouve le Mont-Blanc. Devant vous, vous pouvez admirer le plus grand téléphérique du monde.""

Après ces brèves explications, nous commençons à skier. Arrivés devant le téléski, quelques visages se crispent :
""Oh! Nous n'allons tout de même pas emprunter ce téléski
- Mais ne soit pas craintif"" déclarè-je.
""Que m'a-t-il pris de déclarer cela! Au beau milieu de la remontée, mes skis se croisent sans que je le vois et... boum ! je m'affaisse dans la neige. Sur plusieurs pistes, je tombe la tete la première et je suis arrosée plus d'une fois ! je perds l'équilibre, mes skis s'écartent et juste à ce moment-là: ""Attention, une plaque de verglas! Mets-toi en dérapage!"" Comme ma tête se trouve ailleurs, je n'entends pas, mais après m'être aventurée sur cette plaque verglacée, je réussis enfin à dévaler la piste.

Aujourd'hui, ce n'est vraiment pas mon jour de chance !

Dans le local à skis, les skieurs novices se poussent des coudes.

Enfin arrivée devant la petite montée, je chausse mes skis. Notre moniteur, Stéphane, vérifie nos ensembles. ~'Vos
manteaux sont endossés ? Avez-vous vos lunettes ? Bien, nous pouvons avancer.""

Il nous conduit vers le premier téléski. En haut, nous gravissons une pente et arrivons près d'un autre téléski raide qui
se termine derrière une bosse. Notre mâîÎtresse propose: de sa fantaisie.

""Nous pouvons aller vers la direction du Bellard.""

Ah ! Comme c'est gai de pouvoir dévaler les pistes au gré de sa fantaisie.

  • Mes progrès en ski

Après le repas, nous courons au local à skis et, enthousiastes, nous chaussons nos skis.

Il y a 3 semaines sur mes skis, j'étais gauche, craintif et il y avait beaucoup de culbutes. je choisissais les pistes les plus faciles. je ne m'éloignais pas trop de la station.

Maintenant, les descentes sont grisantes. je commence à m'éloigner. Mais je ne suis pas encore un mditre et il y a des chutes. je dévale les pistes et, à chaque virage, une vague de neige se soulève. je prends le téléski, c'est plus reposant qu'au début car il fallait remonter en escalier. je commence aussi à prendre le télésiège. je descends quelques versants en parallèle. je tiens mes deux bâtons relevés pour qu'ils ne me freinent pas en touchant la neige. Aujourd'hui, je me suis entrdiné pour le passage des étoiles. J'ai descendu une piste avec beaucoup de bosses. J'ai décollé du sol et atterri dans un choc mat d'où s'envolait une gerbe de poudre blanche.

Demain, c'est le passage des étoiles, j'espère ne pas les rater.

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Ecole Notre-Dame (1967-1975)

Pour la rentrée scolaire 1967, l'Ecole Notre-Dame, rue Butin, qui accueillait :
- des garçons et des filles en classes maternelles ;
- uniquement des filles pour les classes primaires et le collège ;
va bénéficier de l'arrivée de trois religieuses de l'Ordre de la Providence : Soeur Jeanne-Pauline, Soeur Lucie-Agnès, Soeur Marie-Anthyme.

 

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L'Ecole Notre-Dame recevait surtout des enfants des quartiers ouvriers. Il pleut dans certaines classes, la plupart d'entre elles n'ont pas vu de peinture depuis 40 ans. Les cours de récréation sont en terre battue (un véritable bourbier par temps humide). Sur le ricin du chauffage, c'est encore es poëles à charbon, avec les corvées quotidiennes d'allumage, d'entretien et de sorties des cendres.

La partie Collège est encore en contrat simple, les cotisations sociales des enseignants ne sont pas prises en charge par l'Etat. Quelques laïcs essayent, tant bien que mal, d'apporter une aide. Un tiers des familles ne peut répondre à l'appel de la scolarité.

Les religieuses sont logées, mais il n'est pas possible de leur allouer plus de 150 francs mensuellement (pour les trois).

Soeur Jeanne-Pauline devenue ""Mère Directrice"", va s'atteler à la tâche;

Auprès de parents d'élèves, elle va recruter quelques bonnes volontés, car elle souhaite la mise en place de structures de travail.

Mère Directrice veut faire participer (une démarche inédite en avance sur le temps !) les enseignantes, l'association de parents d'élèves et l'association de gestion à la vie de l'Ecole.

Le programme envisagé est ambitieux :
- demander le contrat d'association qui permettra la prise en charge totale des traitements des professeurs du Collège par I'Etat ;
- installer de suite le chauffage central ;
- refaire à neuf les toitures 
- peindre les classes ;
- revêtir les cours avec du tarmacadam.

Les plages horaires d'accueil des enfants sont élargies pour assurer un service supplémentaire aux familles.

La gestion de la cantine est assumée par les religieuses, des enfants pourront bénéficier de repas gratuits, c'est la solidarité !

Un jour, une idée de mixité va germer, encouragée par Monsieur le Chanoine Froidure, alors à la Direction Diocésaine. Les contacts devant amener à la fusion de l'Ecole Notre-Dame et de l'Ecole Saint-Edouard vont bouleverser la carte scolaire d'Armentières.

L'Ecole Notre-Dame va s'intégrer au sein de l'institution Saint-Jude (les locaux sont maintenant les classes des 6° et 5°).

Nous sommes en 1975, une page se tourne, tout le programme a été réalisé. Mère Directrice redevient Soeur Jeanne-Pauline, avec Soeur Lucie-Agnès, elles se tournent vers d'autres services.

Avec une grande discrétion et aussi avec une grande fermeté, Soeur Jeanne-Pauline a su rassembler pour ces réalisations.

Il fallait que cela soit dit et qu'un hommage lui soit rendu.

Merci pour tout.

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