22 juin 1944, ce jour où une pluie de bombes s’est abattue sur Armentières

26 juin 1944, dans la chapelle de l’institution Saint-Jude: les funérailles des victimes du bombardement, présidées par le cardinal Liénart.

« Une photo, une histoire » d’Armentières, c’est une série dans laquelle nous vous racontons l’histoire de différentes photos prises par le passé dans la cité de la Toile. Aujourd’hui, nous avons choisi de revenir sur le bombardement du 22 juin 1944.

 Vue aérienne d’Armentières. Les incendies se déclarent dans les quartiers de la gare et Saint-Roch.

Il y a 80 ans, la gare d’Armentières subissait le bombardement tactique d’une escadrille anglo-américaine de 36 appareils. Près de 577 bombes ont été larguées sur la cité de la Toile.

 Une importante fumée se dresse sur la ville après le bombardements des B-26.

C’est à partir de 21 h que le bombardement a débuté. Sur l’ensemble des 577 bombes larguées, 427 ont touché le sol de la cité, sept n’ont pas explosé et quelque 150 sont tombées sur La Chapelle-d’Armentières. Au total, 86 maisons ont été entièrement détruites, 216 ont été endommagées et 150 ont subi des dégâts mineurs.

L’apocalypse tombe sur la ville

La dernière vague des quatre bombardements subis par le secteur a été la plus sévère. Le quartier Saint-Roch a été entièrement rasé de la carte et les 63 maisons ont été réduites en poussières, tandis que 138 autres ont été fortement endommagées. La rue des Jardins (aujourd’hui rue de l’Abbé-Doudermy) a été particulièrement touchée. Morts et blessés s’y entassaient. La voûte centrale de l’église Saint-Roch s’est effondrée ; la caserne des pompiers a été endommagée ; la salle des fêtes ainsi que la gendarmerie, située rue Gambetta, ont été réduites à l’état de ruines, sans parler du château d’eau qui a aussi été endommagé.

La rue Jules-Lebleu et l’école Saint-Jude ont été également touchées par les bombes. De nombreux incendies se sont aussitôt déclarés, accompagnés d’une énorme colonne de fumée qui s’est élevée de la gare de marchandises, où des munitions éclataient dans tous les sens. Dans le même temps, les wagons transportant du lin se sont enflammés presque instantanément.

116 morts, un bilan terrible

Les secours se sont mis rapidement en place. Deux équipes de sapeurs-pompiers ont lutté contre les différents incendies alors que deux autres groupes dégageaient les blessés des décombres au niveau des rues Jules-Lebleu et des Jardins. Dans la rue de Dunkerque, on a installé un poste de secours pour soigner plusieurs dizaines de blessés. Trente-huit d’entre eux ont été amenés à l’hôpital d’Armentières, tandis que les vingt-trois blessés les plus graves ont été dirigés vers l’hôpital de Lille.

Les pompiers en action sur les incendies après le bombardement de la ville.

Le bilan est lourd : 116 morts lors de cette funeste soirée, dont 35 sur le territoire de La Chapelle-d’Armentières. Vers 22 h 30, les secours ont été appelés à La Chapelle pour plusieurs incendies, notamment à la Cité des Cheminots, dans la rue Léon-Beauchamp et dans celle des Tilleuls. Des incendies qui se consumeront un long moment : l’unique pompe des sapeurs-pompiers de La Chapelle-d’Armentières était tombée en panne !

Les travaux de déblaiement ont commencé juste après le bombardement. Ces travaux vont durer bien après la Libération, et on pouvait encore, bien après, récupérer du bois de chauffage dans les maisons détruites.