En redressement judiciaire, Easily Havet Concept group se réorganise

Prochain rendez-vous au tribunal de commerce d’Arras le 26 avril. Le groupe dirigé par Gonzague Havet (en médaillon) espère un sursis pour poursuivre sa réorganisation

La décision a été brutale : en novembre, la holding Easily Havet Concept Group était placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Arras. Une décision difficile qui a obligé le dirigeant de cette entreprise centenaire à optimiser son outil de production. Objectif : industrialiser la communication.

1 Un peu d’histoire

L’imprimerie de la rue de La Lys est connue dans l’Armentiérois, mais pourquoi ? Parce que c’est une entreprise centenaire qui a longtemps exercé son activité d’imprimerie à Armentières. Son emménagement rue de la Lys intervient dans les années 1990. Il faudra ensuite attendre 2011 et le rachat de l’imprimerie par Gonzague Havet, ancien élève de Saint-Jude et quatrième génération de l’entreprise familiale, pour que l’imprimerie intègre le groupe Easily Havet Concept Group. Le groupe passe alors de 800 000 € à 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires et de huit à trente-cinq salariés. Aujourd’hui, le groupe est composé de quatre sociétés : l’imprimerie traditionnelle Havet, l’imprimerie numérique Easily Print, une société spécialisée dans les objets publicitaires et textiles et un studio graphique.

2 Un redressement judiciaire pourquoi ?

Le groupe a effectué de gros investissements en 2015-2016 : «  2,5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros  », précise Gonzague Havet et embauché vingt personnes. Des investissements financés grâce «  aux actionnaires, à nos partenaires matériels et à une banque pour le fonds de roulement  ». Malgré cela, la holding a été placée en redressement judiciaire début novembre. «  Une décision brutale  » pour Gonzague Havet. «  Tout s’est décidé en soixante-douze heures.  » Six mois après, le chef d’entreprise ne regrette pas ce choix (lire ci-dessous). La concurrence d’Internet et l’ère du digital, autant de données qui rendent la période difficile pour l’impression en générale. Le groupe qui enchaînait les bonnes années n’a progressé que de 2 % en 2016.

3 Et après ?

«  Depuis ce redressement, nous avons pu redimensionner l’entreprise à quarante personnes (il y a eu huit licenciements) et nous avons automatisé à outrance  », résume Gonzague Havet. Les métiers changent aussi en interne. Le service de devis en ligne se développe. Le groupe s’adapte au marché : «  Nous apportons un support de communication papier, digital mais aussi la conception d’applications.  » Les résultats sont encourageants : l’automatisation des rappels de paiement a permis depuis janvier de récupérer 344 000 €. Le groupe qui a embauché des développeurs (dont certains basés au Maroc) doit créer aussi vingt-sept boutiques en ligne. «  On dérive vers le développement informatique.  »

Prochain rendez-vous au tribunal de commerce le 26 avril. Le groupe espère obtenir le renouvellement de la période d’observation.

QU’EN PENSE LE PERSONNEL ?

Franck Bocket est délégué du personnel non syndiqué depuis les années 1990. Ce salarié, qui a commencé en bas de l’échelle il y a vingt-huit ans chez Havet, est aujourd’hui conducteur de rotative sur le site de Sailly. À la question de savoir si le redressement judiciaire l’inquiète, il répond simplement : «  Non. Vous savez, quand l’imprimerie est arrivée à Sailly du temps de Havet père, elle avait déjà été mise en redressement et nous sommes toujours là. Alors oui, je suis confiant. Bien sûr, il va falloir relever ses manches et se battre.  »

Interrogé aussi sur la restructuration de l’entreprise, là encore, Franck Bocket relativise: «  On (les anciens de chez Havet) est polyvalent depuis le départ : cette restructuration n’a pas vraiment impacté mon travail.  »

Si cet « ancien » reconnaît que les jeunes, notamment, «  ont eu peur  », il explique que la plupart «  ont compris le message ». Les autres, eux, sont partis.

Avec les élections, de nouveaux contrats

Cela n’aura échappé à personnes, 2017 est une année d’élections. Dans le secteur de l’imprimerie, élections peuvent rimer avec nouveaux contrats.

C’est le cas à Sailly. Et ce n’est pas la première fois qu’Easily Havet Concept Group est l’imprimeur référent au niveau national d’un parti politique (qu’il ne souhaite pas citer). Le contrat comprend onze millions d’impressions pour la présidentielle et neuf millions pour les législatives. Des contrats qui rapporteront, au total, près de 200 000 € au groupe.