Didier Barth, le chef scout qui a failli être architecte est devenu auteur

Didier Barth et son fils Augustin, dans le jardin familiale, à Erquinghem-Lys.

C’est un visage qui rappellera forcément des souvenirs aux Scouts de l’Armentiérois. Didier Barth a eu un parcours personnel et professionnel riche et surprenant. Après avoir étudié l’architecture, travaillé dans l’animation et l’humanitaire, il s’est tourné vers le théâtre. Ses pièces sont publiées et jouées.

À la faveur de quelques jours de retour dans le Nord, on rencontre Didier Barth, 51 ans, chez ses parents, qui vivent désormais à Erquinghem-Lys. Lui a opté pour la Bretagne, après avoir pas mal baroudé.

 

Son CV peut être, au choix, considéré comme riche ou décousu. « En France, quand on a un parcours atypique, c’est très mal vu », sait-il. Après des études au lycée Saint-Jude à Armentières, il a intégré l’école d’architecture à Villeneuve-d’Ascq, « parce que je rêvais de construire des pyramides, ou de travailler sur des sites archéologiques ».

 

Mais il n’a pas validé son diplôme, l’armée s’étant rappelée à lui et ayant perturbé sa cinquième et dernière année, « et puis je n‘étais plus très motivé. Beaucoup de choses m’intéressaient, mais pas les calculs d’épaisseur du béton », reconnaît-il dans un sourire.

 

L’écriture à l’époque, oui, il en rêvait, « j’écrivais des textes que je jetais aussitôt en me disant que j’étais nul ». Quant au théâtre, « j’étais beaucoup trop timide ! », se souvient-il.

 

Comme il a été scout (chef des louveteaux puis des pionniers à Armentières entre 1981 et 1986), puis chef scout, il s’est finalement dirigé vers l’animation. En croisant ses connaissances en architecture d’abord, avec l’école des passemurailles, un projet d’initiation à l’urbanisme et à l’environnement en milieu scolaire. Puis il a occupé des postes de formateur, directeur de colonies, puis de centres de vacances. Lucide, il estime « ne pas être très bon en animation pure, mais bon pédagogue et vulgarisateur ». Dans toutes ses expériences, il s’est souvent servi des jeux de rôle et des mises en situation. Des prémices au théâtre.

 

« l’humanitaire m’a changé »

 

Il s’est ensuite lancé dans l’humanitaire. En Bosnie d’abord, pendant deux ans, pour un programme de lutte contre les mines anti-personnel pour Handicap international. Sa timidité se dissout presque soudainement dans ce pays dévasté par la guerre. « Ça m’a changé », dit-il sobrement. Il embraye ensuite sur le Chili, pour une mission courte, toujours pour Handicap international, puis l’Albanie pour Action contre la faim. Mais sa mission en Sibérie n’aura pas lieu, à cause de ses ennuis de santé (voir ci-dessous).

 

C’est finalement vers l’écriture et le théâtre qu’il s’est tourné, il y a cinq ans, date de son installation en Bretagne, près de Rennes. Une région dans laquelle il se sent bien et qui a coïncidé avec un virage professionnel vers l’écriture assumé à 100 %.

 

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Fichue sclérose en plaques

 

Didier Barth va bien. Apparemment car il est constamment sous traitement, souvent fatigué et reconnu travailleur handicapé. Son mal se résume en trois lettres, SEP, sclérose en plaques.

 

Une maladie dont il a peu parlé, qu’il a même souvent cachée, y compris à son entourage.

 

Mais qui l’a rattrapé, plusieurs fois dans sa vie et ses projets, par des poussées suivies d’hospitalisations. Il devait partir en Sibérie quand le médecin a mis son veto. « J’avais le dos en vrac, et je lui ai dit ce que j’avais… », se rappelle Didier.

 

Dans son cas, il a fallu six ans pour que le diagnostic de la sclérose en plaques soit posé. Les premiers signes ne sont pas forcément identifiables, « ou du moins à l’époque, ce n’était pas le cas », dit-il. La maladie évolue par poussées. À la première alerte, « une névrite optique, d’un seul coup, vous voyez flou », il avait 26 ans. La maladie l’a freiné, fatigué, mais pas découragé.

 

« J’ai toujours retrouvé du travail, mais pas toujours pour moi. S’il y a trop de paperasses ou qu’il faut surtout parler d’argent, ça ne me convient pas », reconnaît-il.

 

La sclérose en plaques a fait irruption dans sa vie. Elle le pousse aussi à moins s’encombrer, peut-être, de compromis. Il fonce, il vit. Il en fera même sans doute quelque chose sur le plan artistique. Il envisage d’écrire un jour une pièce sur la sclérose en plaques.

Et surtout, il positive. « Si la maladie ne m’avait pas empêché de repartir, je serais encore dans l’humanitaire. Mais je n’aurais pas rencontré ma femme, ni eu mon fils…, dit-il, aujourd’hui, je fais un boulot que j’aime vraiment, je suis libre, je travaille à mon rythme ».