Aux Prés du Hem, Thierry Decoster est le capitaine du port… mais pas que

Les Prés du Hem fêtent cette année leurs quarante ans. L’occasion de replonger dans les archives et de vous raconter l’histoire de ce parc devenu incontournable dans la métropole lilloise, mais aussi d’aller à la rencontre de ceux et celles qui la font vivre. Comme Thierry Decoster, capitaine du port de plaisance.


Thierry Decoster veille sur le port de plaisance des Prés du Hem, mais il est aussi responsable du site à tour de rôle
avec d’autres collègues le week-end, en charge du petit train et du suivi des saisonniers.

Capitaine du port de plaisance, pilote du bateau-mouche quand il le faut, responsable du site le week-end à tour de rôle avec ses collègues, en charge du suivi des saisonniers, également du petit train désormais électrique… Tout ça pour un seul homme, Thierry Decoster, 59 ans et sans doute aujourd’hui l’un des plus anciens salariés des Prés du Hem, où il est arrivé en 1982 en tant que responsable technique. « C’est vrai que j’ai de nombreuses casquettes », sourit celui qui a aussi préparé le lourd dossier de Pavillon bleu. Avec succès puisque le port de plaisance des Prés du Hem a obtenu le précieux label pour la dix-neuvième année consécutive. Un sujet de fierté pour celui qui a grandi dans la cité de la Toile, « pas loin d’ailleurs des Prés du Hem. Quand j’étais à Saint-Jude, il n’y avait encore ici que des marais et on venait y courir sur les sentiers. »

« Ici, tout était à faire. Il y avait seulement cinq bateaux dans le port et quatre autres qu’on louait le week-end, des house-boat. On apprenait aussi aux gens à naviguer. »

En 1981, Thierry Decoster a 19 ans et il se souvient avoir assisté à l’inauguration des Prés du Hem puis être venu s’y « balader ». « Bizarrement, je suis allé directement au port, sans savoir que j’allais y travailler après », sourit l’électro-mécanicien de formation. Très vite, il postule à la ville d’Armentières et se retrouve embauché dans le parc. « Ici, tout était à faire. Il y avait seulement cinq bateaux dans le port et quatre autres qu’on louait le week-end, des house-boat. On apprenait aussi aux gens à naviguer », raconte l’Armentiérois.

Il a connu les belles heures du port des Prés du Hem, quand cinquante bateaux y jetaient l’ancre.
La crise du Covid a fait perdre pas mal de navigateurs de passage.

C’était aussi la grande époque des permis-bateaux. Formateur pour les permis fluvial et mer, Thierry Decoster a vu passer une centaine de candidats chaque année, jusqu’en 1996, année où cette activité a été arrêtée. La belle époque du port, aussi, qui accueillait alors une cinquantaine de bateaux et de nombreuses animations, comme un défilé d’embarcations fleuries ou des joutes sur l’eau.

Une capitainerie toute neuve

Le port a aujourd’hui perdu un peu de sa vitalité, et les quasi deux années de Covid n’ont pas beaucoup aidé. « Pourtant, c’est un havre de paix et de tranquillité pour les cinq résidants à l’année. Un site sécurisé aussi », souligne-t-il. Mais beaucoup de navigateurs n’ont pas repris leur vignette permettant de circuler sur les cours d’eau – « ils ne savaient pas comment allait évoluer la situation sanitaire, on a perdu pas mal de bateaux de passage. »

La capitainerie flambant neuve, bardée de bois, permettra peut-être de redonner un nouvel élan à ce port qui mérite d’être re-découvert. Un port où le bateau-mouche, L’Armentières 2000, vient à chaque circuit faire son demi-tour avec la centaine de passagers qu’il peut embarquer. Bateau que Thierry Decoster a aussi piloté, et pilote encore d’ailleurs en cas de besoin. « Ici, on est tous un peu multi-tâches », sourit-il.

Des histoires de douaniers

Gamin du quartier, qui a grandi rue du Maréchal-Joffre, à deux pas de ce qui n’était pas encore une base de loisirs, Thierry Decoster a souvent entendu parler des marais des Prés du Hem. « Pourtant, ça n’était pas le terrain de jeux des enfants du quartier. Mon grand-père était douanier, mon père m’a parlé de la chasse aux contrebandiers qu’il y avait ici, avec l’ancienne Lys qui faisait frontière entre la France et la Belgique. Les douaniers se planquaient dans les marais pour les attraper », se souvient-il. Aujourd’hui, à la base de loisirs, un parcours bourré d’anecdotes, rappelle d’ailleurs cette époque.