Deux collégiens découvrent un obus de la Grande Guerre et réagissent (presque) comme il se doit

Les habitants le savent, les agriculteurs surtout : cent ans après le conflit, les terres du secteur regorgent encore d’obus de la Première Guerre mondiale. Dernier exemple en date, la découverte mercredi d’un gros engin explosif par deux collégiens le long du chemin de halage. Les jeunes Frelinghinois ont plutôt bien réagi mais auraient pu s’abstenir de déplacer ce lourd fardeau.

Les stigmates de la Première Guerre mondiale n’en finissent pas de ressurgir dans l’Armentiérois. Ce mercredi en fin d’après-midi, Christophe et Lucas, deux collégiens qui se promenaient le long du chemin du halage ont fait une étonnante découverte. En haut d’un talus, près de l’ancienne teinturerie, les récentes pluies ont raviné le remblai laissant apparaître ce qu’ils croient d’abord être un gros tuyau. Il s’agit en fait d’un obus d’environ 60 cm de long et d’une vingtaine de centimètres de diamètre.

Inconscients du danger (lire ci-dessous), les adolescents déterrent le reste de la bombe centenaire, la déplacent, se prennent même en photo en sa compagnie pour garder un souvenir puis la dissimulent à l’abri des regards. Les jeunes Frelinghinois alertent ensuite le maire. «  C’est un très bon réflexe que de me prévenir, commente Michel Pacaux, je les ai d’ailleurs félicités pour leur action civique.  » Et l’édile de raconter la suite : «  J’ai envoyé du personnel communal pour sécuriser et interdire les lieux. Les démineurs ont tout de suite été avisés.  »

« Des obus, il en reste des tonnes et des tonnes »

Lorsqu’on lui demande si ce genre de découverte est fréquente sur le territoire de sa commune, l’élu sourit : «  Depuis 47 ans, j’ai dû ramasser des centaines d’obus. Dans ce secteur, c’était une zone de front. Tout a été détruit par les bombardements. Des obus, il en reste des tonnes et des tonnes.  » L’élu a d’ailleurs appris à vivre avec ces tristes objets du passé et sait pertinemment qu’en octobre et novembre de chaque année, il doit s’attendre à en retrouver, au moment des campagnes de betteraves et de pommes de terres. «  Les obus, explique-t-il, sont pris dans les machines derrière le tracteur. Ça remonte avec le temps. J’ai moi-même retrouvé des torpilles. » Les engins qu’évoque le maire sont des ogives munies d’une fusée percutante.

Heureusement, la mésaventure des deux collégiens n’a pas tourné au drame. Leurs parents leur ont depuis remonté les bretelles mais ces deux amis d’enfance, tous deux en classe de quatrième au collège Saint-Jude d’Armentières, restent encore étonnés par leur trouvaille. «  C’est vraiment bizarre, s’émerveille Christophe, on a dû passer là tous les jours sans le voir.  » Et Lucas de conclure : «  C’est sans doute la première et la dernière fois que l’on trouve un obus de cette taille.  » Mais si ce n’est pas la dernière fois, on a envie de leur supplier : «  N’y touchez plus !  »