St-Jude & St-Charles : mariage pour tous pas de débat mais incite à la prudence

À quelques heures de la manifestation nationale des opposants au mariage pour tous aujourd'hui à Paris, nous avons rencontré les chefs d'établissements de deux institutions armentiéroises de l'enseignement catholique. Et surprise, alors que le secrétaire de l'enseignement catholique, Éric de Labarre a adressé un courrier aux chefs d'établissement leur indiquant qu'ils pouvaient mettre en place des débats sur le sujet, à Saint-Jude comme à Saint-Charles, le sujet n'a pas fait débat. Officiellement en tout cas. "

Seuls les directeurs de Saint-Jude et de Saint-Charles ont accepté de répondre à nos questions sur le mariage pour tous. Les autres chefs d'établissement du secteur privé d'Armentières étaient soit fort occupés, soit non désireux de s'exprimer sur le sujet. Pour les plus courageux, Hervé Blanckaert à Saint-Charles et Nicolas Carlier à Saint-Jude donc, la prudence a été de mise. « J'adhère aux valeurs de l'église catholique mais je respecte la liberté des uns et des autres », résume ainsi Hervé Blanckaert. Alors que dans certains établissements parisiens et même lillois l'engagement contre le mariage pour tous est assumé, à Saint-Charles comme à Saint-Jude, c'est individuellement que le choix de faire entendre sa voix se fera. « Les établissements catholiques sont plus ou moins engagés, à l'image de l'église catholique, avec ses mouvements plus progressistes et d'autres plus conservateurs », constate le directeur de Saint-Charles. Aucun débat n'y a été organisé. « On en parle dans les couloirs, en salle des profs mais comme dans n'importe quelle entreprise. Les enfants n'ont pas eu d'interrogations particulières », explique Nicolas Carlier, lui-même persuadé que « ce débat concerne des personnes mûres. On parle ici de fondement de famille, de sexualité réfléchie.

Nicolas Carlier et Hervé Blanckaert (sur la photo) sont contre l'instrumentalisation des jeunes.

Ce débat peut avoir lieu au sein des familles. » Et son confrère d'ajouter : « L'école n'est pas là pour instrumentaliser les enfants. ». Même si un groupe de terminale de Saint-Jude travaille actuellement à un dossier sur l'évolution des droits des homosexuels, «  on est davantage dans la matière que dans les opinions ».

Délicate, la position des établissements catholiques ? « Nous sommes partie prenante du service public et en même temps une émanation de l'église catholique de France. On est les porte-parole de certaines valeurs. » Les documents officiels, la lettre d'Éric de Labarre et celle de M gr Ulrich, ont donc été transmis aux enseignants. « Le message est passé ». « Nous respectons les programmes avec des cours autour de l'homophobie. » Mais les deux chefs d'établissement sont persuadés que cette question sociétale n'est pas la priorité de leurs élèves. « Nos jeunes s'interrogent surtout sur l'avenir, sur la sinistrose qui les entoure », constate Nicolas Carlier.

Alors, même si pour eux la question du mariage pour tous doit être posée, « Elle ne doit pas faire l'objet de réponses à l'emporte-pièce. On peut ne pas être d'accord avec le mariage pour tous mais on doit être à l'écoute de l'autre », résume le directeur de Saint-Jude. Et surtout «  ce débat ne doit pas venir recréer une guerre scolaire dont on n'a pas besoin », précise Hervé Blanckaert. Et son collègue de regretter : « On se retrouve sur le devant de la scène. Mais on sent qu'on est sur un clivage hors tout (politique, religieux). La radicalisation n'est pas bonne ». Pour ou contre le mariage pour tous, le directeur de Saint-Jude, persuadé qu'un référendum serait la meilleure sortie, connaît déjà sa ligne de conduite. « Je ne tolérerai jamais qu'un élève fasse une remarque à un camarade qu'il supposerait être homosexuel... à condition évidemment que ce camarade ne soit pas lui-même dans la provocation »...

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